Pour de plus amples informations concernant les pactes secrets de Masoud avec l'armée soviétique, reportez-vous aux écrits de Bruce Richardson en mars 1996: "Intimidation, subversion et pacification : politique soviétique dans le Transcaucase, l'Asie Centrale et l'Afghanistan"
Un ancien commandant soviétique révèle le pacte secret de Masoud
The News International, 17 mai, 2001
BUREAU REPORTPESHAWAR: Le Général Gramov, commandant de l'ancienne armée soviétique ayant envahi l'Afghanistan, a révélé que le leader actuel de l'Alliance Nord en Afghanistan, Ahmad Shah Masoud, avait signé un accord avec Moscou, garantissant aux anciennes troupes soviétiques leur passage sans encombre à travers les vallées de Salang et de Panjsher, pendant la jihad afghane.
Selon un journaliste afghan Sami Yusafzai, le Général Gramov a exposé de nombreux faits sur l'occupation soviétique pendant 10 ans et le mouvement de résistance afghan dans son livre "L'armée soviétique en Afghanistan".
On y apprend que les premières troupes soviétiques qui quittèrent Hairatan en 1980 à la frontière afghano-ouzbek, en direction de Kaboul via la campagne, craignaient que leur passage dans la vallée de Salang et les sommets de celle de Panjsher ne soit pas seulement difficile mais bien impossible, en raison de la présence des moudjahidin d'Ahmad Shah Masoud. L'armée du célèbre commandant Ahmad Shah Masoud, raconte Gramov, pouvait transformer la région en véritable cimetière pour les troupes soviétiques par de simples jets de pierres.
Gramov rapporte qu'au moment critique, le chef Khad Dr. Najibullah agit alors de manière très habile en contactant Ahmad Shah Masoud qui exigea alors des pourparlers avec les Soviétiques. Le Général soviétique ranconte qu'ils rencontrèrent immédiatement Masoud et signèrent un accord leur assurant de passer en toute sécurité à travers les dangereuses vallées de Salang et de Panjsher pour pouvoir rejoindre le sud, le centre et l'est de l'Afghanistan.
Le Général Gramov précise qu'en échange Ahmad Shah Masoud continuait de recevoir l'aide des Soviétiques. Il rapporte aussi que Masoud mettait parfois en scène de fausses querelles avec les Soviétiques pour éviter que les autres groupes moudjahidin ne se rendent compte de ses activités. Les Soviétiques craignaient que Masoud n'utilise l'accord à des fins peu avouables, mais il respecta les termes de l'accord et évita de créer des problèmes à l'armée soviétique jusqu'à son retrait en 1998.
Gramov raconte que les différents entre Ahmad Shah Masoud et Gulbuddin Hikmatyar datent de leur cursus universitaire à la faculté d'ingénierie de Kaboul, alors qu'ils étaient tout deux membres d'une organisation étudiante islamique. Il précise qu'en plus d'être un commandant de grande envergure qui ne restait pas en place plus de deux jours, Masoud avait également une opinion politique.
Les Afghans de langue persane, poursuit Gramov, considèrent Masoud comme leur leader et leur héros. L'exploitation et l'exportation des pierres préciseuses de Panjsher sont une source de revenus non négligeable pour Masoud. Masoud avait des liens privilégiés avec la France, où la presse l'a rendu célèbre dans le monde entier. Gramov affirme que Masoud vit dans le respect des principes islamiques mais, selon des comptes rendus soviétiques, il avait l'habitude de boire de l'alcool avec ses amis proches.
Gramov raconte aussi que Masoud avait d'un côté signé un accord avec les Soviétiques pour leur garantir leur passage à Salang, mais de l'autre côté son conseil militaire le Shura-i-Nazar a combattu et tué de nombreux soldats soviétiques dans le nord de l'Afghanistan.
Le Général Gramov dit encore qu'en cas de difficultés, ses armées pouvaient contacter les moudjahidin dans le nord de l'Afghanistan pour passer un marché. Cependant, dans l'est et le sud de l'Afghanistan, où les Pukhtun étaient majoritaires, de tels incidents étaient rares.
Gramov raconte que l'invasion soviétique en Afghanistan était un impair qui a provoqué la désintégration de l'URSS.
"En 1983, Masoud signe un cessez-le-feu provisoire avec les Soviétiques"
Los Angeles Times, 26 Avril, 1999
Par DEXTER FILKINS
En 1975, Masoud, âgé de 22 ans, mena une révolte appelée ultérieurement l'Incident de la vallée de Panjsher pour tenter de renverser le régime. La plupart de ses acolytes se retrouvèrent en prison, mais lui réussit à s'échapper de justesse, ce qui allait arriver bien des fois encore. Après avoir bénéficié d'un entraînement militaire au Pakistan, Masoud repart en Afghanistan en 1978.
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En 1983, Masoud signe un accord de cessez-le-feu provisoire avec les Soviétiques, qui peuvent alors concentrer leurs efforts sur d'autres régions. A ce jour, d'anciens rivaux de Masoud lui en veulent beaucoup de ses transactions, qui ont pu lui garder la vie sauve mais ont rendu les leurs bien plus difficiles. "Masoud a trompé tout le monde," rapporte un ancien commandant des moudjahidin, les soldats de la guerre sainte.
L'espion américain, qui dirigeait les efforts de la CIA contre l'Union soviétique en Afghanistan crédite Masoud d'exploits militaires impressionnants. Mais il ajoute que, durant les dernières années de la guerre, Masoud passait plus de temps à préparer la guerre civile à venir qu'à combattre les communistes. "Il n'était pas fiable," selon Milton Bearden, chef de la CIA stationné en Pakistan pendant la guerre. "Vers la fin, il dépensait son énergie à consolider sa propre position." Masoud déclare qu'il a signé le cessez-le-feu en 1983 uniquement pour avoir le temps de recomposer ses forces armées. Barnett Rubin, expert de l'Afghanistan au Conseil des Relations étrangères à New York, expose que Masoud a passé la dernière année à établir une vaste organisation politique dans le nord de l'Afghanistan. "Masoud était un leader et un combattant très efficace," selon un ancien agent de la CIA qui a préféré rester anonyme. "L'une des caractéristiques du combattant efficace est d'éviter de se battre lorsqu'il n'a aucune chance de gagner." Masoud a finalement pris Kaboul en 1992 et est devenu ministre de la défense du nouveau gouvernement. Les tueries ont tout de suite éclaté parmi les moudjahidin. Ces combats, qui durèrent quatre ans, détruisirent Kaboul et firent des dizaines de milliers de victimes. Plusieurs autres milliers furent mutilés, violés et volés.
… lors d'un incident terrible en 1993, documenté par le Département d'Etat, les troupes de Masoud se déchaînèrent dans un quartier rival en violant, pillant et massacrant un millier de personnes.