The Hindustan Times, October 28, 2001

"Quittez le Pakistan maintenant, vous êtes en danger", dit-on au reporter du Hindustan Times

Aditya Sinha couvrait la guerre en Afghanistan pour le "Hindustan Times". Il a été expulsé du Pakistan jeudi(25/10). Voici un compte-rendu de première main de son expulsion.

Trente-deux jours après le début de mes reportages depuis Peshawar, le gouvernement du Pakistan m'a ordonné de partir. "Immédiatement", disait l'ordre du ministère de l'Intérieur, dont une copie m'avait été remise en mains propres par la Branche Spéciale de Peshawar (Peshawar Special Branch).

Cela arrivait de façon soudaine et inattendue. Une semaine exactement auparavant, le ministre de l'Intérieur venait de rallonger de quinze jours la validité de mon visa d'un mois (un miracle!). Je n'avais rien tenté de stupide comme de traverser la frontière en me travestissant, ce qui est tant à la mode ces temps-ci chez les journalistes occidentaux. Je m'imaginais que les Pakistanais retrouveraient les articles du Hindustan Times pour quelques jours de plus.

C'était jeudi matin, et j'étais au Nishtar Hall, attendant le dernier jour d'une assemblée tribale afghane de grande importance. J'étais entré pour changer un billet de 500 roupies pour payer le taxi, et comme je ressortais, un homme en costume blanc et lunettes noires me demanda si je parlais Urdu. "Veuillez nous suivre, s'il vous plaît", dit-il comme deux autres hommes entraient. "Nous sommes de la Branche Spéciale et nous aurions quelques questions à vous poser."

Je fus conduit au bureau de la SSP (sécurité), où je passais des moments d'angoisse avant que le barbu Khalid Massoud ne déboule. Après un coup d'oeil à mon passeport et des questions comme "pour qui j'écrivais" et "où je résidais", il dit "Vous êtes en danger. Vous devez quitter le pays."

Il ne me dit pas pourquoi, se débarrassant de mes questions avec un "ordre d'Islamabad". Je lui dis que je partirai, et qu'heureusement il y avait un vol pour Delhi le lendemain. "Vous devez partir aujourd'hui" dit-il, "et je vous recommande pour votre bien de ne pas repousser votre départ. Qui sait ce qui pourrait vous arriver si vous restiez un jour de plus?"

C'était assez clair. Donc je lui dis que je voulais partir à Delhi car ma femme y était. "Non", dit-il. "Vous ne pouvez aller en Inde. Vous devez repartir dans votre pays d'origine, aux Etats Unis. Réservez un vol par Dubai. Mes hommes vont vous conduire au bureau de vente".

Apparemment, la seule destination internationale aérienne depuis Peshawar est l'UAE, et le seul vol maintenu depuis le 11 septembre est celui de la PIA. Je proposais d'aller à Karachi et d'attraper un autre vol pour un pays tiers. "Non, vous ne pouvez aller nulle part au Pakistan actuellement."

Quatre hommes m'accompagnèrent à ma chambre où je fis mes bagages et payais un employé devenu très nerveux. Un autre homme en costume arriva en moto et me questionna à propos de mon rendez-vous avec le groupe clandestin de femmes afghanes RAWA. "Qui avez-vous rencontré?" Je dus donner son nom, tout en me sentant désespéré de ce que cela pouvait lui réserver. "Où?" Par chance, elle était venue à ma chambre. "Quel est sont numéro de téléphone?" Là, je mentis, ne serait-ce que pour protéger cette pauvre afghane. Je dis que j'avais eu le contact à travers un journaliste de "the Dawn", pensant qu'il ne serait pas inquiété par les autorités.

Mon vol était à 22h. Il restait neuf heures. Je passais la première dans le bureau de Massoud. Il eut un regard perçant: "Vous êtes citoyen américain, mais vous êtes indien au dedans". Bientôt, il dut partir. "Nous ne vous arrêtons pas, vous allez passer dans une cellule de protection" dit-il. Je ne fus pas maltraité, il y eut juste la tension de rester assis dans une pièce à peine éclairée avec une ribambelle d'hommes en costume.

J'étais en contact avec mon bureau, et ils prirent contact avec l'ambassade des USA, de sorte que j'étais sûr que rien de déplaisant n'arriverait. Finalement, je fus conduit à l'aéroport, où la PIA commença par refuser de m'admettre à bord parce que je n'avais pas de visa pour l'UAE. Mes gardes eurent une conversation privée avec l'officier de la PIA et toutes les objections tombèrent.




De: http://www.hindustantimes.com/nonfram/281001/detfro01.asp










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