CounterPunch, 29 juillet, 2002 |
A l'intérieur de Pakistan et Afghanistan avec RAWA
Par Anne Brodsky
Je viens justement de retourner d'un séjour de 6 smaines avec RAWA, cinq semaines au Pakistan et une semaine étonnante en Afghanistan. Le travail de RAWA est très exigeant et le besoin en est énorme-ceci inclut quelques villes au Pakistan où les réfugiés entrent et n'en pas sortir. Ils font des choses originales/créatrices telles que travailler pour améliorer une école déjà établie plutôt de prendre le temps pour fonder une de leurs propres écoles. Par example, on pensait qu'il faudra fermer un lycée afghane datant de 8 ans à Peshawsar à cause du manque de fonds et d'élèves. RAWA a commencé à les subventionner et même a fait gratuit l'instruction pour la première fois dans l'histoire de cette école; pas seulement les écoles sont-elles capables de payer les profs mais il y a plus d'élèves qu'auparavant; la demande s'accroît car les élèves qui n'ont jamais eu le quoi payer peuvent maintenant y aller.
Le travail en Afghanistan préoccupe tout le monde au fur et à mésure que le besoin et la possibilité pour aider le pays s'augmente. Beaucoup de femmes et de jeunes filles maintenant nombreuses sont inscrites dans les classes de tailleur ou les classes où elles apprennent à lire; beaucoup de femmes sont trop âgées pour s'inscrire dans les écoles nouvellement réouvertes (il existe une limite d'âge pour entrer dans les classes basses dont un bon nombre d'élèves fémelles ont grand besoin d'ailleurs après 5 ans sans éducation) et il y en a d'autres encore dont la famille ne permet pas d'aller à l'école par craint de sécurité. Les femmes et les filles disent que les 5 ans sous l'autorité du Taliban ont renforcé leur résolution et engagement dans l'éducation et l'importance à la famille de l'éducation. La plupart de ces femmes n'ont pas été en classe auparvant mais s'intéressent quand même à s'y joindre pour apprendre. La plupart des classes ont plus de demande que RAWA a de professeurs et de fonds.
Environ 80 à 90% des femmes que nous avons vues à Kaboul portaient encore le burqa. Nous n'avons pas vu de femme sans burqa à Jalalabad. Le gouvernement provisoire commence à exiger la "permission" pour tout comme une tentative masquée de contrôler les choses. Il fallait une permission spéciale même pour visiter un lycée publique. Au fur et à mésure que cette tendance s'augmente les choses deviendront très dangereuses pour RAWA. Elles ont beaucoup d'ennemis dans le gouvernement avec tant de NA et warlords dans des positions de commande; par conséquent elles doivent opérer clandestinément. Il n'y a pas de doute que le besoin est énorme et leur message humanitaire aussi bien que le changement politique qu'elles cherchent à réaliser sont une necessité absolue, surtout pour les femmes.
Parce que nous avons conduit à Kaboul de Pakistan, je pouvais voir une tranche remarquable de paysage et de vie. Il est vrai que l'Afghanistan est un pays étonnément beau. Même cette petite section qui fallait 10 heures à travers des chemins détruits à traverser était incroyablement diverse avec des fleuves bleu-verts, des vallés ondulantes avec les champs de pierres arrondies, des plateaux de mesa plats, des collines de grès avec les cavernes normales, des pics raides tounés latéralement, des montagnes et des rues dentelées qui zigzaguaient par des chemins montaigneux. Nous sommes passés par des petits village où l'influence du Taliban était encore très évidente et où les hommes nous traitaient, moi et le membre de RAWA qui m'accompagnait, comme si nous n'avions aucun droit de nous montrer au public sauf par curiosité. Aux Etats-Unis la réponse réservée pour eux serait une sarcastique..."Vous n'avez pas jamais vu une femme?" ou "Vraiment, vous devez sortir plus souvent." Ici les deux énoncés qui jouaient dans ma tête à la fois, ne s'agissaient pas du sarcasme. Il faudrait toute une révolution pour changer les hommes dans cette ville. Dans beaucoup d'endroits les images d'Abdul Haq, Massood et Rabbani étaient partout mais celle de Karzai ne l'était pas.
Juste pour créer une certaine perspective sur la vie, nos conducteurs de taxi sur la route de Pakistan à Afghanistan étaient tous les deux anciens Taliban et mujihadeen. Ils parlaient tout à fait ouvertement au partisan mâle qui nous accompagnait de leur temps passé avec les deux groupes. Ils étaient Taliban probablement pour l'argent et pour s'accroître leurs gains personnels; néanmoins cela signale que les anciens Taliban, tous les deux fantassins, cadres moyens- comme nos conducteurs- sont encore partout. Beaucoup de gens disaient que seulement ceux qui ne pouvaient pas identifier parmi eux l' ancien Taliban étaient étrangers qui les employaient et auxquels ils donnaient des positions dans le gouvernement. Chacun d'autre le sait mais a peur de le dire.
La reconstruction à Kaboul est évidente dans quelques endroits mais c'est comme si le temps s'est figé dans les autres où la destruction qui date de dix ans auparavant est aussi apparente qu'on aurait cru que cela s'était passé hier. Les gens vivent et dirigent des magasins côte à côte avec des bâtiments criblés de trous des fusées et carcasses de bâtiments détruits par des attaques. J'ai vu également les résultats des bombardements américains. Les réfugiés retrouvent des vies difficiles et beaucoup d'entre eux ne peuvent pas trouver de travail. Ils vivent sous des tentes et dans des bâtiments non protégés sans ni fenêtres ni portes. Ils disent qu'un job est difficile à obtenir pour ceux qui acceptent de faire un travail manuel très dûr aussi bien que pour ceux avec une éducation plus élevée. Beaucoup de travail va uniquement aux Panshiris tandis que les autres n'en obtiennent que par moyen de corruption. Quelques-uns des camps de réfugiés au Pakistan disent qu'on les aidait plus là-bas et que, par-contre, ici, ils meurent de faim sans aucune assistance. J'ai parlé avec plusieurs réfugiés qui étaient revenus uniquement parce que la police en Islamabad en particulier les harcelait et faisait douter de leur sécurité au Pakistan. En réalité c'est pire maintenant à Kaboul. Beaucoup de personnes pensent qu'il y aura un flux de réfugiés qui reviendra au Pakistan en hiver car il fera trop froid à Kaboul pour vivre et travailler sans abri et sans travail.
J'ai été permise une vue bien unique de la vie à Kaboul car la plupart de mes meetings et intervues aussi bien que les projets humanitaires que j'ai vus ont eu lieu dans des maisons privées à Kaboul et dans les villages et banlieux qui l'entourent. Beaucoup de ces maisons étaient semblables à celles de la classe moyenne mais sans eau courante ou toilettes d'intérieur. Même dans la capitale les gens se dépendent des puits et des pompes réservées au public. L'électricité n'est disponsible que chaque autre nuit. Dans des villages externes on a volé les lignes de l'électricité il y a 10 ans, et ces maisons n'ont pas encore d'électricité en dépit des lampes et chandeliers qui y restent. La bibliothèque de l'Université de Kaboul n'a practiquement pas d'électricité parce que le Taliban et autres factions diverses ont volé toute la canalisation électrique. Comme dans les camps de réfugiés moins neufs, la plupart des personnes vivent dans des enclos murés de hautes clôtures avec des jardins et petits animaux de basse-cour même dans la ville. La construction, cependant, est plus solide que dans les camps plus âgés et ici les fenêtres de verre et des écrans ont crée un environnement plus permanent et confortable. La seule émission de nouvelles télévisée que j'aie vue avait comme radiodiffuseur une femme qui n'a jamais levé les yeux de la page qu'elle lisait et l'émission elle-même avait l'air amateur. Il y a beaucoup à refaire ici.
Les gens sont optimistes mais prudents, mais ceci semble s'expliquer par la présence des gardiens de la paix, i.e. peacekeepers, et l'espoir continu que la communauté internationale tiendra ses promesses pour aider le pays et que quelqu'un fera réelement un effort pour arrêter les warlords. La présence du NA dans des voitures de couleur foncé et non marquées est sinistre. Il y a d' autres soldats et police qui portent des uniformes diverses dont beaucoup sont d'une mauvaise coupe. Il est difficile à juger qui porte une arme et qui n'en porte pas. Souvent les jeunes garçons associés avec l'Alliance du Nord avaient des armes tandis que les hommes plus mûrs, plus vieux, qui avaient l'air responsable et qui portaient l'uniforme afghane, étaient sans armes. J'ai vu des entrevues enregistrées sur vidéo des participants de Loya Jirga où ils exprimaient leur intérêt en ce qui concerne le besoin de la paix, la sécurité, et le contrôle des warlords qui étaient trop évidents dans le processus de Loya Jirga.
Pour plus d'information sur AWA aller à: http://www.rawa.org/
Anne Brodsky est professeur assistant de psychologie à l'Université de Maryland, Balitmore.