ABCnews, 30 Octobre 2001 |
Combattantes de la liberté
Des femmes courageuses combattent l'oppression en Aghanistan
NEW YORK, 30 Oct. - Une femme qui se fait appeler Tahmeena Faryal a contribué à améliorer la vie des femmes en Afghanistan, en rendant compte de leurs souffrances dans les mains du régime taliban.
Pour prix de ses efforts, elle et les autres membres de l'Association Révolutionaire des Femmes d'Afghanistan (RAWA, pour Revolutionary Association of the Women of Afghanistan), sont l'objet d'une fatwah, un édit religieux émis par les taliban appelant à leur mise à mort.
Tahmeena Faryal, du RAWA (Revolutionary Association of the Women of Afghanistan), masque son identité pendant qu'elle aide des femmes vivant sous le régime taliban. (ABCNEWS.com) Faryal a dit à "Good Morning America" qu'elle savait le travail risqué, mais qu'elle croyait que le martyre des femmes d'Afghanistan ne devait pas rester non-documenté. Pour protéger son identité, elle utilise un psudonyme et porte un voile pendant les entrevues.
Faryal a raconté l'effrayante exécution par les talibans en 1999 d'une femme accuseée d'avoir tué son mari auteur d'abus sexuels. La femme, qui n'a eu droit à aucun procès, avait été pardonnée par la famille de son mari parce qu'elle avait sept enfants. Mais les talibans ordonnèrent la mise à mort parce qu'elle était "trop coupable pour être pardonnée", dit Faryal.
Lors de l'exécution, qu'un membre de RAWA filma secrètement, la femme fut tirée d'un véhicule et mise à genoux. Alors un combattant taliban lui tira une balle dans la tête par l'arrière avec une arme automatique.
"Quand les membres de RAWA virent que l'exécution de femmes avaient lieu dans le stade sportif public", dit Faryal, "elles surent que si elles avaient été arrêtées avec cette cassette, elles auraient aussi bien pu être exécutées dans ce même stade."
Le site Web du groupe, www.rawa.org, contient aussi d'autres témoignages d'exécutions par les talibans, y compris la lapidation à mort d'une femme dans un stade en mai 2000.
Femme de l'année
Faryal, qui fut honorée lundi soir au siège du magazine Glamour du titre de "Femme de l'année", travaille pour RAWA hors du Pakistan. Elle a fait campagne aux USA pour le compte des femmes afghanes.
Depuis les attaques terroristes du 11 septembre, RAWA a essayé d'attirer l'attention du monde sur le calvaire des femmes afghanes.
Cette association a été fondée à Kaboul, la capitale afghane, en 1977, deux décennies avant l'arrivée des talibans au pouvoir. La fondatrice, la poétesse féministe afghane Meena Keshwar Kamal, fut assassinée en 1987.
Le groupe, qui compte environ 2000 membres et est pour l'instant basé au Pakistan, commença par combattre pour un gouvernement démocratique en Afghanistan. Après l'invasion soviétique en 1979, et depuis pendant toute la guerre civile qui s'en suivit dans le pays, le groupe continua à donner éducation et soins de santé aux femmes et aux enfants afghans.
À présent, le groupe combat les talibans, la secte extrémiste islamiste qui a pratiquement anéanti les libertés des femmes afghanes depuis leur arrivée en 1996.
Car avant que les talibans n'arrivent, les femes avaient droit à l'éducation, étaient représentées au gouvernement et travaillaient dans des bureaux. Quarante pourcents des médecins du pays étaient des femmes.
La vie sous les talibans
Depuis l'instauration du régime taliban, les femmes ne sont pas autorisées à exercer une profession ni à recevoir une éducation. Elles ne peuvent apparaître en public qu'accompagnées par un parent mâle et revêtues de burqas, un vêtement descendant jusqu'aux pieds qui couvre leur corps entier, face comprise. Sous le régime taliban, les femmes ne peuvent rire, parler à voix haute en public, ou faire du bruit en marchant. Si elles portent du maquillage ou montrent leurs chevilles, elles peuvent être fouettées.
RAWA fait marcher des écoles secrètes pour filles et aide à mettre en place des cliniques de soins clandestines, dont le personnel est fait de femmes médecins et d'infirmières à qui les talibans ont interdit la pratique de leur métier dans les hôpitaux afghans.
Les membres portent aussi des caméras cachées sous leurs burqas pour témoigner pour les femmes battues et tuées par les talibans. Des vidéos de leurs abus sont disponibles sur leur site Web, avec de l'information sur l'association.
Toutes ces activités de ces femmes dans le territoire occupé par les talibans sont menées à grand péril. Beuacoup de membres de RAWA ont été arrêtées, et la sentence décrétée par les talibans pour l'appartenance à RAWA est la lapidation à mort. Pendant tout ce temps où Faryal s'occupe de son travail pour les femmes, elle est gardée de près et toujours masquée.
Pendant la cérémonie de remise du trophée Glamour, Faryal lut un poème écrit par Kamal, fondatrice de RAWA. Traduit du Perse, cela donne: "Je suis la femme qui s'est éveillée. J'ai trouvé mon chemin et ne reviendrai jamais."